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Un escargot dans les jardins d'hibiscus

Au Burkina Faso comme un escargot : toutes antennes dehors, le monde en sac à dos

Instants choisis d'un périple au Faso à vélo

Episode 1 : Pas d'inquiétude, ça va aller

Qui l'eu cru ?
Une heure plus tôt, je nageais en plein flou artistique, mi-inquiète, mi-curieuse de savoir ce que me réserverai la soirée. Il est... 19h, le soleil se couche, sur la brousse désertée devant moi, derrière, la vieille de la cours me prépare un dîner. Quel accueil, quel calme, quelle riche idée j'ai eu de dire bonsoir pour la 3435ème fois tout à l'heure ! Ce goudron vraiment, un carrefour aux rencontres... Combien de personnes j'ai pu croiser aujourd'hui, 200, 300 ? Toujours est il que celui là, tout à l'heure, juste à l'heure du retour chez eux des élèves, j'ai été bien inspirée de lui causer.

C'est drôle tout de même, ça a commencé comme une banale conversation, quelle classe, quelle filière, quels rêves de futur... J'ai fais un effort pour ne pas m'étonner, ni me sentir supérieure en m’apercevant que nous avons le même âge (à 3 jours près) et qu'il n'est qu'en 1ère. 18h... 18h15... Le Soleil flanchait, aller, j'ai tenté, en tournant la demande différemment de mes précédents échecs peut-être? Puisque jusqu'alors, à la question "savez vos où je pourrais dormir ce soir?" j'ai eu "à l'auberge!" et "bon courage!"... Tentons une blague ! "Ok, Ibrahim, c'est bien ça? Je te file mon numéro, mais tu m'invites dans ta cours pour la nuit!" Jusqu'à l'entrée du village, je me préparais toujours à filer dans la boutique du coin pour demander l'hospitalité, mais non! La blague n'en était plus une!

Et me voilà entre les murs de cette douche salutaire, chouchoutée de toutes parts par cette famille dont seul le grand fils que j'ai croisé a des notions de français... Parlant de douche, tout de même, ils sont bien bas, ces murs, je suis dans le côté des femmes, heureusement, mais tout de même, c'est un brin perturbant! Aller, je vais prendre le partis de me laver face à l'innocence de la brousse, sans en faire plus de cas, je n'ai qu'à me pencher vers mon seau d'eau laiteuse pour dissimuler parfaitement ma nudité, après tout.

D'une douceur, ce coucher de soleil inondant les cases calmes d'une famille à la routine bien huilée... Est ce la chaleur, la fatigue du vélo qui me rend si réceptive, attendrie, un peu niaise? Peut-être, en tous cas, pour sur, voilà qui promet. Une soirée au coin de la marmite en perspective, entourée d'enfants curieux que je leur apprenne à jouer à Candy Crush (j'ai honte, mais ça leur fait tellement plaisir), partageant à la lueur de la lune un plat bien traditionnel avec les mains sous un ciel étoilé, ensemble sur une natte... Il y a de quoi attendrir, je suis légitime à l'admiration béate de la simplicité de vie je crois. Aller, c'est parti, douche au seau prise, je m'arme d'un stylo, de mon cahier, et pars à l'assaut de la communication par dessins !

Ciao !

Episode 2 : A vélo

Je ne saurais décrire les longs pédalages en restant parfaitement fidèle à tout ce que ça a d'agréable... Rien sur les épaules, le ventre et les jambes légères, l'horizon rehaussé de la paille claire de mon chapeau, un petit air dans la tête.... Ça c'est extraordinaire, le petit air dans la tête! Bien sur, je n'avais pas pris la peine de charger mon portable français avant de partir. No music donc. Et pourtant! Presque en continu, au rythme régulier des pédales, une chanson en suit une autre. Parfois une chanson entraînante, dont on gueule les paroles à pleins poumons, et d'autres fois c'est une mélodie douce, qui mène sa vie parmi les variations du paysage. On pourrait croire qu'avec l'ennuie, on cherche des chansons, et on cherche les paroles, et on se greffe comme ça une musique dans l'esprit. Que nenni! D'abord, on s'ennuie pas. Vraiment, pas une seconde! Ensuite, ça vient comme un sursaut de rêverie, soudain on se surprend à beugler "la baaaaas, faut du cœur et faut du couraaaaage!!!!". Tient donc ? Ah, oui dis donc, le panneau de sortie du village de Laba, ceci explique cela. Je voudrais pouvoir décrire chaque village où je me suis arrêtée, chaque village traversé aussi. Je voudrais décrire cette femme, de bon matin, qui avec son enfant regardait ralentir les passant sur le gendarme couché de devant sa boutique. Je voudrais décrire sa radio, qui grésillait des interviews de Ouagalais inquiets des coupures d'eau de l'ONEA, pointant du doigt ce 6 mètres cabossé menant à l'hôpital... Je voudrais décrire son air intrigué devant les sachets d'eau que je lui ai achetés pour remplir mon bidon, et puis le calme ambiant, le lever du Soleil, son enfant, content de recevoir mes 25 francs de monnais, et mon redémarrage attendrit, et puis les autres villages, les autres kilomètres, le moindre des arbres, tous les bonjours, tous les bonsoirs... Jamais 2 minutes ne passent sans un salut, sans un sourire, une esclaffade de jeunes femmes, le klaxon joyeux du conducteur d'un DINA qui m'a déjà dépassé 3 fois dans les deux sens... La route, c'est un million de micro-histoires-d'amour, un grand paquet de gentillesses d'un moment.

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