Quand on est un enfant

Assister à un moment dans une classe a fait surgir un sale mépris dans le fil de mes pensées. Ça m’a pris par surprise, je me suis dit en entrant « ils sont surement médiocres par rapport aux CM2 de chez moi ». Alors j’ai préparé un petit sourire mi-indulgent mi-suffisant, le genre de mimique qui veut dire « je vous suis évidement supérieure, mais aller, je vais vous faire une fleur, et m’extasier devant vos balbutiement comme on félicite les gribouillages d’un bébé »

Et bien devinez quoi… Leurs devoirs de maths, d’SVT, les questions pointues auxquelles ils répondaient sans l’ombre d’une hésitation, je serais bien en peine d’avoir à les traiter ! Je me suis aperçue ce jour là que la lutte contre les préjugés ancrés ne fait que commencer. Partant du principe qu’on est né en haut de la pyramide ne facilite pas la redescente sur terre. Peut-être bien qu’à entendre encore et encore que la réalité est ainsi faite ; que le Nord, en haut sur la carte, dépasse toujours le Sud, qu’il faut prendre des pincettes, appeler « pays en développement » ceux auparavant qualifiés de « tiers-monde », peut-être qu’à force de ne même plus remarquer la microscopique part de l’Afrique dans tous les camemberts des cours d’économies… Peut-être qu’on finit par considérer comme allant de soi notre naturelle supériorité. Même si on n’excuse pas cette supériorité, et même si on la blâme, et même si on agit de tout cœur pour la réduction de ces inégalités. Tout cela n’y change rien : tant que l’idée de sa position de dominant persiste, alors il reste un grand chemin à parcourir.

Depuis, je tâche de fuir ce sourire là. Personne ne m’a encore surprise en flagrant délit de mépris apparent. Pourtant ce sentiment, même rare, me gêne beaucoup !